Le Jazz
Dans le Petit Larousse, on peut lire cette définition du jazz :
«Musique afro-américaine, créée au début du XXème siècle par les communautés noires et créoles du sud des Etats-Unis, et fondée pour une large part sur l’improvisation, un traitement original de la matière sonore et une mise en valeur spécifique du rythme, le swing».
Cette définition est globalement juste. Encore faut-il pour séduire l’amateur de jazz que l’improvisation soit un discours sensible et cohérent dans lequel le soliste raconte une histoire, que le traitement de la matière sonore soit bien celui utilisé dans «les communautés noires et créoles du Sud», issu du gospel et du blues, et enfin que le swing soit bien une pulsation vivante, souple et dynamique.
Si la musique de jazz est bien née au début du XXème siècle, on peut dire que son âge d’or commence aux Etats-Unis dans les années 20 pour se terminer dans les années 50. Le jazz est alors surtout une musique de danse. De cette musique populaire, certains ont ensuite voulu faire une musique « savante » dont le grand public s’est alors détourné.
En Europe, et particulièrement en France, l’âge d’or du jazz est décalé, au départ, d’une dizaine d’années. Il commence dans les années 30 avec la venue de nombreux jazzmen américains, la création dès 1932 du Hot-Club de France et, quelques années plus tard, de son fameux quintette, avec Django Reinhardt et Stéphane Grapelli.
Dans les années d’après-guerre de nombreux grands jazzmen américains viendront se fixer chez nous, ou y jouer régulièrement, et, de ce fait, l’âge d’or du jazz durera beaucoup plus longtemps de ce côté de l’Atlantique.
Hélas, il faut bien se rendre à l’évidence, la plupart des musiques que l’on nous présente aujourd’hui sous le nom de jazz ne répondent pas à la définition donnée plus haut. Souvent dans ces musiques, l’improvisation semble réduite à la répétition d’exercices de virtuosité, des sonorités mornes ou agressives tiennent lieu de «traitement original de la matière sonore», tandis que le jeu des percussionnistes a rarement cette vitalité,ce mélange de dynamisme et de souplesse nécéssaire à la «mise en valeur spécifique du rythme» que l’on appelle le swing, encore un mot que l’on a mis à toutes les sauces!
On ne peut que regretter que l’on ait conservé la même dénomination de « jazz » pour des formes musicales très différentes. Le jazz que nous présentons étant la forme originale, on nous permettra de la qualifier d’authentique.
Et en écoutant d’authentiques jazzmen français actuels, on peut se dire que, même si son âge d’or est passé, le vrai jazz est toujours bien vivant … Après tout, l’âge d’or de la musique baroque est passé depuis trois siècles, et Bach fait toujours le plein !
Lire également l’article du HCF : « Le Jazz Authentique«
Le Hot Club de Limoges
C’est dans les années 30 que des Limousins découvrent la musique de jazz par la radio. Parmi eux, l’un des premiers fut un jeune garçon natif de Saint-Yrieix la Perche, Roger BLANC. Il fut assez fou de cette musique, et en devint suffisamment connaisseur, pour obtenir de faire dès 1938 à Radio-Limoges les premières émissions consacrées à la musique de jazz … que la guerre va malheureusement interrompre. Jusqu’à sa mort en 2007, à 95 ans, Roger BLANC est demeuré aussi passionné de jazz et ne ratait pas un concert du Hot-Club.
C’est en 1938, par une de ces émissions, qu’un autre Limousin, Jean-Marie MASSE, attrape à son tour le virus du jazz. Il est encore lycéen et va, pendant la guerre, commencer une carrière d’artiste-peintre. Mais, parallèlement, après avoir étudié le piano, il va s’intéresser à la clarinette et, plus sérieusement, à la batterie.
C’est fin 1947 / début 1948 que sa vie bascule définitivement dans le jazz. En quelques mois il obtient à son tour une émission régulière sur le jazz à Radio-Limoges, devient musicien professionnel (à la batterie), organise le premier concert de jazz dans notre ville et crée le Hot-Club de Limoges.
Depuis 1948, sous la houlette de ce président dynamique, décédé fin 2015, le Hot-Club de Limoges a attiré à lui des générations de fervents du jazz qui se réunissent régulièrement pour approfondir leur connaissance de cette musique. Et, en soixante-dix ans, des centaines de manifestations ont été organisées par ces passionnés de jazz pour un public qui s’est toujours renouvelé.
La radio Swing FM
Dès la fin des années 20 aux U.S.A. (un peu plus tard chez nous), la radio a été un moyen de faire connaître le jazz à un large public.
C’est pourquoi Jean-Marie MASSE n’a cessé, depuis 1947, de diffuser cette musique sur diverses antennes.
Dans les années 60, il abandonnera même son statut de musicien professionnel pour celui de producteur/animateur.
Quand, une quinzaine d’années plus tard, il quittera Radio France Limoges, il sera rapidement sollicité par Mme JACOB pour animer une émission de jazz sur diverses antennes que dirigea cette spécialiste des médias. En 1989, elle mit même à sa disposition une fréquence devenue libre pour créer Jazz FM, une «radio libre» diffusant du jazz sans interruption.
Les radios dites «libres», dont Jazz FM, ayant disparu en 1991 pour céder la place à des radios associatives agréées par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, les membres du Hot-Club décidèrent, sous la houlette de Claude-Alain CHRITOPHE, de créer une association gérant une radio entièrement dévolue au jazz qui prit le nom de Swing FM et put démarrer en 1992 grâce au soutien d’André CESSART, alors Directeur de l’entreprise Jean LEFEBVRE Sud-Ouest, devenue EUROVIA, qui mit à la disposition de l’association une émetteur moderne.
Grâce à une informatisation de plus en plus poussée de ses moyens de production, Swing FM offre aujourd’hui, 24 heures sur 24, un programme varié très apprécié de ses auditeurs, tandis que, chaque semaine, l’émission SwingTime y est toujours animé par divers intervenants passionnés et pédagogues.
Cette réussite est surtout due au dévouement des bénévoles de Swing FM, ce qui prouve qu’aujourd’hui le jazz suscite toujours la même passion qui animait déjà, en 1938, Roger BLANC et Jean-Marie MASSE.