Sidney Joseph BECHET
(Clarinettiste – Saxophoniste soprano – compositeur)
Né à La Nouvelle-Orléans (Louisiane) le 14 mai 1891
Décédé à Paris (France) le 14 mai 1959
Né dans une famille de musiciens, Sidney était le plus jeune de sept enfants.
L’un de ses quatre frères, Leonard Victor BECHET (1886-17.09.1952), a été peu de temps musicien professionnel (tromboniste) avant de devenir dentiste, et son fils Leonard Jr., né à La Nouvelle-Orléans le 16 août 1927, jouait du saxophone et a été pendant un temps le manager de son oncle Sidney.
Très jeune, Sidney s’empare d’une clarinette et prend quelques leçons avec Lorenzo Anselmo TIO Jr., « Big Eye » Louis NELSON et George BAQUET, mais demeure quasiment autodidacte.
Dès l’âge de douze ans il commence à jouer avec les divers orchestres qui commencent à fleurir à La Nouvelle-Orléans : les « Buddy Petit’s Young Olympians », l’« Olympia Band », dans lequel il remplace « Big Eye » Louis NELSON, le « Bunk Johnson’s Eagle Band » ainsi que l’orchestre du tromboniste Jack CAREY qui comprenait aussi son frère « Mutt » CAREY au cornet.
Il travaille aussi en « freelance » avec le pianiste Richard M. JONES, le trompettiste Freddie KEPPARD et d’autres.
Il joue également du cornet dans des orchestres de parade dont celui du cornettiste Henry ALLEN Sr..
Au printemps de 1914, quand Freddie KEPPARD et George BAQUET quittent l’« Olympia Band » pour tourner avec l’« Original Creole Band » de Bill JOHNSON, Sidney et Joe OLIVER (le futur « King ») les remplacent dans l’orchestre.
En 1916, il quitte La Nouvelle-Orléans pour suivre un show itinérant, au départ avec le quartette de Clarence WILLIAMS et du pianiste Louis WADE.
WADE et BECHET quittent le show à Galveston (Texas) pour suivre une tournée de « Carnaval » pendant deux mois.
Durant ses retours occasionnels à La Nouvelle-Orléans, il joue souvent au « Clairborne Street Theatre » ou au « Ste Catherine’s Hall ».
En 1916 il travaille aussi avec Joe « King » OLIVER au « Big 25 » et au « Pete Lala’s », participant aussi aux parades avec des « brass bands » au sein desquels il joue du cornet.
Il quitte La Nouvelle-Orléans au cours de l’été 1917 jouant dans le « Bruce and Bruce Touring Company » en Georgie, Alabama, Ohio et Indiana.
Il quitte la « Company » à Chicago à la fin de 1917 et rejoint l’orchestre de Lawrence DUHÉ au « De luxe Cafe ».
Plus tard il joue au « Dreamland » et au « Monogram Theatre », travaillant occasionnellement avec Joe « King » OLIVER.
Il joue ensuite avec Freddie KEPPARD au « De Luxe Cafe » ainsi qu’avec le pianiste Anthony « Tony » JACKSON au « Pekin Cabaret ».
C’est à cette époque que BECHET achète son premier saxophone soprano (modèle courbe comme un petit alto) et abandonne ses essais quelques semaines plus tard.
Il auditionne pour l’orchestre de Jim EUROPE peu de temps avant la mort du chef et rejoint le « Will Marion Cook’s Southern Syncopated Orchestra » à Chicago.
Il se rend avec cette formation à New York.
Là, il joue avec le « Lt. Tim Brymn’s Orchestra » à Coney Island (New York).
En juin 1919 il rejoint l’orchestre de Will Marion COOK pour un voyage en Europe.
C’est à Londres qu’il achète son premier modèle de saxophone soprano droit et peu de temps après l’utilise pour ses prestations.
Il reste à Londres avec une fraction de l’orchestre de COOK.
Cette petite formation dirigée par le batteur Benny PEYTON joue à l’« Embassy Club » et à l’« Hammersmith Palais ».
Au printemps de 1920 il se rend à Paris pour des engagements avec le « Southern Syncopated Orchestra » à l’« Apollo » et d’autres établissements, puis revient jouer en résidence à Londres au « Hammersmith Palais » avec les « Benny Peyton’s Jazz Kings », jouant aussi au « Rector’s Club ».
C’est à Londres que le chef d’orchestre symphonique suisse Ernest ANSERMET entend l’orchestre et écrit un article où il décrit BECHET comme un extraordinaire virtuose de la clarinette et « un artiste de génie ».
En juin 1920 il joue à Bruxelles avec les « Louis Mitchell’s Jazz Kings ».
C’est à cette époque qu’il délaisse la clarinette au profit du saxophone soprano droit.
Il n’utilise plus la clarinette que pour quelques enregistrements.
Arrêté pour une implication dans une bagarre, il est emprisonné quelques mois, puis expulsé de Grande Bretagne.
Il rentre à New York vers la fin de 1921 et joue avec le pianiste Ford DABNEY (le compositeur de « Shine »).
Il est ensuite engagé comme acteur et musicien dans le « Donald Haywood’s « How come ? » Show ».
Après une tournée, il quitte le show à New York au printemps de 1923 et travaille avec la chanteuse Mammie SMITH et divers orchestres.
Il tourne ensuite avec la « Cooper’s « Black and White Revue », puis avec le « Seven Eleven Show » au printemps de 1925.
De retour à New York, il joue quelque temps avec Duke ELLINGTON et avec le pianiste James P. JOHNSON au « Kentucky Club ».
Il dirige ensuite son « New Orleans Creole Jazz Band » au « Rhythm Club », puis ouvre son propre club : le « Club Basha » à New York.
Au cours de ces années, il a enregistré avec le « Clarence William’s Blue Five » et diverses chanteuses comme Sarah MARTIN, Eva TAYLOR (l’épouse de Clarence WILLIAMS) ou Mammie SMITH.
C’est pendant la période au « Club Basha » que Johnny HODGES devient l’élève de Sidney qui l’engage dans son orchestre.
HODGES fera par la suite la carrière que l’on connaît au sein de l’orchestre de Duke ELLINGTON.
En septembre 1925 BECHET s’embarque pour l’Europe avec la « Revue Nègre » dont la vedette est la chanteuse et danseuse Josephine BAKER.
L’orchestre est dirigé par le pianiste Claude HOPKINS.
Début 1926 il quitte le show et de février à mars 1926, il effectue une tournée en Russie avec un orchestre dans lequel figurent aussi en vedette Benny PEYTON et le tromboniste Frank WITHERS.
Après Moscou l’orchestre joue à Kiev, Kharkov et Odessa.
Il revient ensuite à Berlin où il dirige une petite formation.
Peu après il organise un orchestre de quatorze musiciens pour une nouvelle tournée de la « Revue Nègre ».
Après cette tournée européenne en 1927, l’orchestre est dissous à Munich.
Il dirige alors à nouveau une petite formation à Frankfort sur le Main puis se rend à Paris pour rejoindre le chanteur Noble SISSLE aux « Ambassadeurs » au cours de l’été 1928, jouant du soprano et doublant au saxophone contrebasse en mi bémol.
Un peu plus tard dans l’année il joue « Chez Florence » avec les « International Five », orchestre de neuf musiciens comme son nom ne l’indique pas.
En janvier 1929 il joue brièvement avec Benny PEYTON, puis est emprisonné à Paris pendant onze mois à la suite d’une bagarre à coups de révolver avec le banjoïste Big-Mike McKENDRICK.
Libéré en décembre 1929, il se rend à Berlin où il joue en résidence au « Wild West Bar » et au « Hans Vaterland ».
Il tourne ensuite de nouveau avec la « Revue Nègre » et quitte le show à Amsterdam, reprenant le bateau pour New York.
Au début de 1931 il rejoint Noble SISSLE puis le quitte pour effectuer une tournée en Nouvelle-Angleterre avec Duke ELLINGTON en mai 1932.
C’est alors qu’il crée avec le trompettiste Tommy LADNIER les « New Orleans Feetwarmers » qui nous ont laissé une belle série d’enregistrements.
Avec cet orchestre, il joue au « Saratoga Club », au « White Plains » et à Jersey City avant de débuter un engagement au « Savoy Ballroom » de Harlem en septembre 1932.
Le groupe est dissous au début de 1933.
BECHET travaille ensuite avec Lorenzo Anselmo TIO Jr. au « Nest Club » avant de rejoindre le pianiste Willie « The Lion » SMITH au « Jerry Preston’s Log Cabin Club ».
Les affaires étant difficiles et les engagements devenant plus rares, il abandonne pendant quelque temps la musique, et avec Tommy LADNIER ils ouvrent une boutique de tailleur : la « Southern Taylor Shop » à New York.
En 1934 il reprend son soprano et rejoint Noble SISSLE à Chicago, et à l’exception d’une courte interruption, il reste avec cet orchestre jusqu’en octobre 1938.
Il dirige ensuite un orchestre avec le batteur Zutty SINGLETON chez « Nick’s » à New York d’octobre 1938 à février 1939.
Il réunit de façon éphémère les « New Orleans Feetwarmers » avec Tommy LADNIER pour participer au fameux concert « From Spiritual to Swing » à « Carnegie Hall » le 23 décembre 1938.
À partir de cette époque il commence à enregistrer abondamment pour Blue Note et Victor, soit comme leader, soit comme membre de formations diverses.
Il joue à nouveau chez « Nick’s » de février à mai 1940.
Au cours de l’été il joue à Philadelphie après avoir participé le 26 mai 1940 à un concert avec le clarinettiste George BAQUET.
En août il dirige un quintette à l’« Enduro Restaurant » de Brooklyn (New York), puis au « Log Cabin » à Fonda (New York) de novembre 1940 à février 1941, et enfin au « Mimo Club » de New York.
Durant la Seconde Guerre Mondiale il joue régulièrement chez « Nick’s », au « Ryan’s » et divers autres clubs de New York.
Il prend part à plusieurs concerts d’Eddie CONDON au « Town Hall ».
Occasionnellement il dirige un quartette en résidence hors de New York : à Paterson (New Jersey), Philadelphie en 1943 et Springfield (Illinois) en 1944.
En janvier 1945 il joue avec Louis ARMSTRONG au « Jazz Foundation Concert » à La Nouvelle-Orléans.
Vers le milieu des années quarante il participe à plusieurs séances d’enregistrements pour la marque « King Jazz » avec Milton « Mezz » MEZZROW.
Ces enregistrements sont devenus historiques.
À partir de janvier 1945 il dirige un orchestre au « Savoy » de Boston avant de revenir à New York en janvier 1946, date à partir de laquelle il commence à se produire très souvent comme vedette invitée.
Il enseigne régulièrement à New York et dirige un trio comprenant le pianiste Lloyd PHILLIPS et le batteur Freddie MOORE chez « Jimmy Ryan’s » en 1947, à l’exception d’une interruption au cours de l’été pour maladie.
En 1948 il se produit au « Jazz Ltd » de Chicago et revient au printemps de 1949 chez « Jimmy Ryan’s » à New York en compagnie du tromboniste Russell « Big Chief » MOORE, du pianiste Sammy PRICE et du batteur Kansas FIELDS.
En mai 1949 il se rend en France pour le « Festival de Jazz » de Paris, puis retourne au « Ryan’s », au « Jazz Ltd » et d’autres clubs.
De nouveau il revient en Europe en septembre 1949, joue brièvement à Londres en novembre, rentre aux U.S.A. puis revient travailler en Europe de juin à septembre 1950.
À partir de l’été 1951 BECHET s’installe définitivement en France, jouant tantôt avec l’orchestre du clarinettiste Claude LUTER, tantôt avec celui du clarinettiste André REWELIOTTY.
D’octobre à décembre il effectue une tournée aux U.S.A. en vedette invitée, puis en 1953 se rend pour la première fois à San Francisco.
En septembre 1956 il tourne en Angleterre et en 1957 en Argentine et au Chili.
Devenu une immense vedette en France, il enregistre abondamment pour la marque Vogue et en juillet 1958 il se produit à l’« Exposition Universelle » de Bruxelles avec un « All Stars » comprenant le trompettiste Buck CLAYTON et le tromboniste Vic DICKENSON.
Il apparaît dans plusieurs films : « Blues » (ou « L’inspecteur connaît la musique »), « Série Noire » et « Ce coquin de Boubou ».
Il nous a laissé aussi un livre de souvenirs : « La musique c’est ma vie ».
Sidney BECHET a eu un fils en France, Daniel, qui est devenu batteur professionnel.
Il est décédé à Paris le 14 mai 1959 des suites d’un cancer du poumon.
Sidney BECHET est un des créateurs les plus importants du Jazz avec Louis ARMSTRONG et Duke ELLINGTON.